jeudi 19 mars 2009

Porter plainte contre Mucyo à Bruxelles

Porter plainte contre Mucyo ? Allez-y, amis Banyarwaanda.

Chers Pierre, Jean-Christophe, et tous les autres amis d'A.M.I.,

J'avais lancé un encrier sur DHR concernant "JiDéDé". Vous êtes intervenus concernant une action en justice contre Mucyo, et cela m'a intéressé vivement. Voici quelques pistes relevées dans la petite bibliothèque d'Agaculama, concernant le criminel « JiDéDé » de la vie juridique néo-rouwandaise, le nommé Jean de Dieu MUCYO.

GUICHAOUA André : « Rwanda 1994 » (2005), pp.306-307 : « Le 30 juin 1994, l'APR avait pris le contrôle de Shyanda et, le 1er juillet, ses éléments avancés entraient dans la commune Mbazi via Save. Personne ne les attendait si vite. A la hauteur du secteur Mwulire, cellule Murambi, des soldats de l'APR se rendirent sur la colline de résidence de l'un d'eux, à quelques 300 mètres de la route macadamisée et tombèrent entre 15 et 16 heures en pleine réception de mariage de la famille Mussa KABWANA (Hutu, Butare, Mbazi). Ils ne supportèrent pas le spectacle des réjouissances et, sans aucune sommation, abattirent plus d'une vingtaine de convives avant de regagner leur unité. A Mbazi, comme dans toute la préfecture, une autre période, marquée par une sévère répression et d'innombrables actes de vengeance, s'ouvrait. Le soldat originaire de cette colline s'appelait Jean de Dieu MUCYO (Tutsi, FPR, Butare, Mbazi). Sauvé le vendredi 8 avril avec une trentaine d'autres Rwandais Tutsi par le major Pascal NGIRUMPATSE (Hutu, FAR, Butare) qui les transféra à l'hôtel des Mille Collines, il gagna les rangs du FPR au cours de la guerre, il subit une formation accélérée et fut affecté en mai comme aide de camp du lieutenant-colonel Augustin TUHAGARA (Tutsi, APR/FPR, Ouganda), un des adjoints du colonel Charles MUHIRE (Tutsi, APR/FPR, Ouganda), commandant de la 101ème unité. A la fin juin, à Gitarama, les éléments de la 101ème, de la 157ème et de la 159ème unité qui avaient une formation de juriste furent regroupés pour constituer la base d'une future gendarmerie susceptible d'assurer le maintien de l'ordre dans les zones conquises et d'établir des enquêtes pour les futurs Parquets. A partir de Gitarama, le soldat MUCYO, devenu sergent, conduisit ensuite de nombreuses enquêtes. Sans cadre hiérarchique formel, toujours en mouvement et sans cesse sollicité en tant que rescapé originaire de Butare, il disposa de larges marges de manœuvres pour mener ses opérations de « maintien de l'ordre » dans le cadre de ses fonctions à titre personnel. Il fit rapidement l'objet d'accusations pour ses méthodes expéditives, et participa, selon plusieurs témoins, à des massacres collectifs de civils Hutu organisés par l'actuel général-major Fred IBINGIRA (commandant de la division Kigali-Gitarama). Pour mettre fin à ces accusations, il fut rapidement nommé au ministère de la Justice comme chargé d'enquêtes et instructeur à l'EGENA de Ruhengeri. En 2005, lors de la rédaction de ce chapitre, il occupait les fonctions de procureur général de la République rwandaise, poste auquel il accéda après avoir été ministre de la Justice de février 1999 à septembre 2004 ». Quand il était MINIJUST, il avait pour secrétaire, en février 1999, Aloisie CYANZAYIRE (Tutsi, Gitarama), et, en juin 2003, Edda MUKABAGWIZA (Hutu, Gitarama). Pendant cette période, le procureur général était Gérald GAHIMA.

MARYSSE Stefaan, REYNTJENS Filip : « L'Afrique des Grands Lacs. Annuaire 1999-2000 » (2000), p.76 : « Sur initiative du président de la République, une commission avait été mise en place en octobre 1998 qui avait fait une première proposition de mise en place de juridictions gacaca. (…) le calendrier proposé par le ministre de la Justice, Jean de Dieu MUCYO, qui annonçait le début des audiences devant les juridictions gacaca pour le mois de juillet 2000, paraît hautement irréaliste ». Il faut dire que pr ès de 11.000 juridictions gacaca ont été progressivement mises en place à partir de septembre 2001.

MUCYO Jean de Dieu : « Des juridictions gacaca et de la réparation des dommages », Le Verdict (2000), août, n°17, p.10. C'est MUCYO qui pondit la plus ample partie de la nouvelle théorie de la « justice participative » avec un gacaca « revisited ». Il faut dire que les amnisties partielles de 1997 et 1998 ont libéré à peine 14.000 prisonniers, laissant en prison 116.000 suspects de génocide, dont 30.000 ont « avoué » leurs crimes. Seuls 5.800 furent jugés de 1998 à 2001. En mai 1999, il n'y avait que 104 juges et 1.800 membres du personnel juridique formés sur le tas. En août 2000, ces 104 juges s'ajoutèrent aux 74 juges déjà présents en 1998, soit 178 en tout, pour accélérer les jugements pour génocide.

Soyez sages, mais que la nuit porte conseil vite car le petit Mucyo (prononcer mou-chiot) rwandais en visite à Bruxelles risque de s'envoler comme une mouchette de chiotte avant d'être accusé à bon escient et par qui de droit !

Levez-vous et agissez. C'est à vous, chers amis Abanyarwaanda d'A.M.I., de relever le gant.

Agaculama.

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