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Chers Netters.
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3/ Le Rwanda pré-colonial : le « pays sans limite ».
Dans le Code dynastique Uubwiru de l'Ancien Rwaanda, on fait référence aux diverses régions voisines, généralement dans un esprit de conquête. Ainsi, relève-t-on dans l' « Inzira y `ishoora », dite « Voie de l'abreuvage », une sorte d'incantation répétitive (D'Hertefelt et Coupez : « La royauté sacrée de l'ancien Rwanda », Tervuren, 1964, vers 312-316, 329-334, 797-801) fait référence au souhait d'extension à certains territoires voisins, ainsi que l'expriment ces cinq vers (312-316) qui étaient déclamés par un « Umutsoobe w isugi », un ritualiste « pur » de l'ubwooko Tsobe :
« …Twacyamur Uburuundi kuu ngoma
« Twacyamur Ubushuubi kuu ngoma
« Twacyamur Ubunyabuungo kuu ngoma
« Amahaanga yoos adatuur umwaami w'Irwaanda
« Twayacyamura ku ngoma »
« Puissions-nous amener le Burundi sous le tambour !
« Puissions-nous amener le Bushuubi sous le tambour !
« Puissions-nous amener le Bunyabuungo sous le tambour !
« Tous les pays étrangers qui ne paient pas tribut au roi du Rwanda
« Puissions-nous les amener sous le tambour ! »
Les expressions incantatoires sont « Twacyamura… kuu ngoma », « Puissions-nous amener… sous le tambour », « Twadenduura… kuu ngoma », « Puissions-nous étaler… sous le tambour », et « Twagongeesha… kuu ngoma », « Puissions-nous faire gémir… sur le tambour ». Ailleurs, ce Code dynastique ancien stipule dans l' « Inzira y `uubwimika », c'est-à-dire « La voie de l'intronisation » (versets 1201-1204) :
« Ub inganj uganze weenyine
« Impera y ibihugu
« N 'Ubushuubi n `Uburuundi
« Ubaheere ku gahera k ibirenge »
« Sois vainqueur, règne seul,
« Jusqu'à la limite des pays
« Y compris le Bushuubi et le Buruundi !
« Vaincs-les de fond en comble ! »
En guise de clin d'œil entre deux parenthèses pour les Netters qui dissèquent les mots, vous aurez relevé, chers amis, l'expression « impera y ibihugu » qui signifie « jusqu'à la limite des pays ». Cette expression reflète au-delà des hommes, des lieux et du temps une certaine notion… « impérialiste » sans limite ni frontières faisant songer, chemin faisant, au « Divide et impera »… … des mondialistes faisan…dés !
En guise de second clin d'œil, votre serviteur Agaculama fera très brièvement référence à ses soeurs et frères les chauve-souris chauves ou poilues qui dorment la tête en bas pour la simple raison qu'elles et ils ne sont pas des « têtes en l'air » comme tant d'oiseaux sans tête qui s'entêtent sur ce forum. Dans l'imaginaire collectif des Abanyarwaanda, cette position spatiale symbolique est hautement évocatrice d'une connotation magique défavorable et portant malheur. Ainsi, pour citer un exemple, lorsque les pluies étaient trop abondantes et menaçaient les récoltes, des ritualistes suivaient les prescriptions de l' « Inzira ya Kivu » ou voie de l'inondation, et se débarrassaient de divers symboles d'improductivité en un lieu désert. Entre autres, un ritualiste de l'ubwooko Singa égorgeait le « Rukara rwo mu Biraayi », le taureau émissaire noir du troupeau des vaches cendrées, troupeau créé par le Mwaami Cyirima I Rugwe, dans le marécage Gishamba, probablement au nord de Rusumo, avec cette particularité : « …bakayiica bayicuritse », cyaangwa mu mufaraansa « on le tue après l'avoir mis la tête en bas ». C'est aussi au cours de ce rituel « pluvio-frénateur » qu'intervenaient des ritualistes subalternes Rembo, descendants de Birangaara, originaire d'un clan du Burembo dirigé par un chef Umwega, et qui, en qualité d' « iinyoheeramakungu » ou « bannisseurs de monstres », étaient chargés de débarrasser l'Ubwaami, le royaume rwandais de toutes sortes d'êtres ou animaux difformes et portant malheur à la productivité nationale. Chemin faisant, ils chantaient ce type d'incantations magiques pour conjurer le sort (D'Hertefelt, op cit., pp 30-31, vv 84) :
« Amahaang agakendeera »
« Les pays étrangers s'éteignent »
En particulier, ces « bannisseurs de monstres » récitaient les vers suivants (D'Hertefelt, op cit., pp 30-31, vv 86-88) :
« Iburuundi baraara bacuramye
« Indorwa baraara bacuramye
« Ibunyabuungo baraara bacuramye »
« Au Burundi, puisse-t-on dormir la tête en bas,
« Au Ndorwa, puisse-t-on dormir la tête en bas,
« Au Bunyabuungo, puisse-t-on dormir la tête en bas »
C'est au terme de ces incantations et anathèmes contre les nations voisines, donc ennemies, et donc à conquérir, que la superstition pouvait se convaincre : « Nuuko Kiv' igatsindwa imyak' ikeera », « Ainsi, l'Inondation est vaincue et les récoltes mûrissent ». Dans un registre différent, qui était celui de l' « Inzira y `uubwimika » ou « Voie de l'intronisation », les abiiru, suite à une attaque rituelle contre la région du Bukunzi, achevaient le rite de l'intronisation du nouveau Mwaami en exécutant un prisonnier Umukunzi selon le même simulacre que pour le taureau expiatoire précédent :
« Bakamujyana bakamuryamiish igicuri (vv 1217) »
« On l'emmène et on le couche tête en bas ».
Suscitant des débats andrologiques houleux contre l'orchidologue Agaculama de la part de forumistes craignant d'être castrés, nous avons déjà fait référence sur ce forum à la fameuse « Inzira yo kwambik' ingoma », ou « La voie du garnissage du tambour », où il est question des recettes de cuisine ésotériques réservées aux dépouilles qui riment en –ouilles des rois rebelles Abahiinza, à ne pas confondre –pour rappel- avec les agriculteurs ou adeptes du crochet aratoire, les Abahiinzi. Ce rituel était l'occasion pour les ritualistes Cumbi de l'ubwooko Singa, spécialisés dans la neutralisation des esprits malveillants, de lancer des anathèmes contre les pays étrangers, en général, non encore inféodés à l'Etat rwandais :
« Amahaang ahora yuunamye… (vv 23)
« Puissent les pays étrangers être toujours courbés… »
« Amahaang ahor ahunamye… (vv 25)
« Puissent les pays étrangers être toujours engourdis… »
« Amahaang ahor aheze… (vv 27)
« Puissent les pays étrangers être toujours à bout… »
« Amahaang ahora m' urugembe… (vv 61) »
« Que les pays étrangers contiennent toujours un fer maléfique… »
« N' amahaanga yoos adatuur umwaami w `Irwanda
« Tuyahoza m urugembe (vv 63-64) … »
« Et dans tous les pays qui ne paient pas tribut au roi du Rwanda,
« Puissions-nous maintenir toujours un fer maléfique »
Dans ce rituel incantatoire, le pays qui était principalement visé par les anathèmes à caractère « castratoïde » était le Burundi, exemple éloquent de ces « Amahaanga yoos adatuur umwaami w' Irwanda », les « pays qui ne paient pas tribut au roi du Rwanda ». Voici quelques incantations ciblées :
« …Twahotor Uburuundi kuu ngoma… (vv 90, 133) »
« …Puissions-nous priver le Burundi du tambour »
« …Twarengany Uburuundi kuu ngoma… (vv 94, 150) »
« …Puissions-nous déposséder le Burundi de son tambour »
Le fameux « Ingabe » ou « Ingoma y ingabe », le « tambour dynastique » d'un pays étranger ennemi, était à sa royauté dirigeante ce que représentaient les « Ibishwamo » ou « Ibinyiita », les testicules de son « Umuhiinza », son roi rebelle à l'autorité centrale du Rwaanda. On devait castrer le roi vaincu et castrer son Etat humilié en capturant son tambour. En contrepartie, le Rwaanda devait toujours faire en sorte qu'on ne le prive pas de son Mwaami et de son tambour dynastique principal, jadis le Rwoga et ensuite le Kariinga :
« Umwaam' ahor' ar' uumutuurirwa !
« Ingoma yaa cu ntiyuurirwa ! (vv 105-106) »
« Puisse le roi être toujours inaccessible !
« Que notre tambour soit inaccessible ! »
Dans le rituel « Inzira y `uurwihisho » ou « Voie de la cachette », le Mwaami du Rwaanda allait se cacher pendant huit jours dans une « cachette » choisie après qu'il eût fait procéder à la divination, « Akaraguriza ». C'est un peu comme si le Mwaami du Rwaanda partait voyager « biindi », « de manière extraordinaire », soit symboliquement, dans l' « ubuzimu », dans ce « shéol » où était déjà parti feu son confrère de l' « autre », « ndi », Rwaanda au-delà du miroir de l'Akanyaru, c'est-à-dire le Burundi. Ici aussi, on jette des anathèmes :
« Tsind' Uburuundi ! (vv 16, 49) »
« Vaincs le Burundi ! »
Et si d'aventure le Burundi voisin n'est pas vaincu, le rituel « Inzira y `urugomo » prévoyait une prudente roue de secours à la victoire effective :
« Ngw' agutsindiy Uburuundi ! (vv 62) »
« Il estime avoir vaincu pour toi le Burundi ! »
Dans le rituel « Inzira y `uubwimika » ou « Voie de l'intronisation », on faisait 17 fois référence au Burundi. Un « Umwenemuhinda », descendant du forgeron dynastique du Mwaami Kigeri I Mukobanya, présentait l' « inyundo », le marteau dynastique « Nyarushara » du roi Munyiginya défunt, en disant par deux fois :
« Igutsindir Uburuundi !
« Igutsindir Ubunyabuungo !
« Igutsindir amahaanga yoose
« Adatuur umwaami w `Irwanda ! (vv 119-122, 126-129) »
« Puisse-t-il vaincre pour toi le Burundi !
« Puisse-t-il vaincre pour toi le Bunyabuungo !
« Puisse-t-il vaincre pour toi tous les pays
« Qui ne paient pas tribut au roi du Rwanda »
Ensuite, un umwiiru ritualiste « Umwenenyabirungu » de l'ubwooko Tege de Kabagari, récitait exactement les mêmes incantations par deux fois encore, en présentant le Kariinga (vv 138-141, 155-158) au descendant du Mwaami. De même, les insignes dynastiques Nyamiringa (ocarina de Gihaanga en terre cuite), Mugarura (le tambour Ramener-vers- soi), Muvubandoha (L'énorme-soufflet ritualiste des forgerons de la Cour) et Ngomitagiramakemwa (Le Tambour-sans- défauts) étaient présentés avec les mêmes paroles, toutefois avec la variante plurielle « Zigutsindira », « Puissent-ils vaincre » (vv 166-169). Plus loin, le même umwiiru Tege s'adresse à l' « umwaari », l'arbre-mère situé au Kabagari et qu'on appelle aussi « igiti cy indamutsa », ou arbre du tambour des saluts, en disant :
« Barakwimitse ng' utsinde
« Uburuundi n'Ubunyabuungo
« N amahaanga yaandi yoose
« Adatuur umwaami w `Irwanda ! (vv 354-357) »
« On t'intronise pour que tu vainques
« Le Burundi et le Bunyabuungo
« Et tous les autres pays
« Qui ne paient pas tribut au roi du Rwaanda ! »
La rengaine obsédante est permanente qui consiste à souhaiter assujettir tant le Burundi que le Bushi/Bunyabuungo, comme dans le rituel de l' « Inzira y `ishoora » (vv 312-316), à l'exception cependant, dans ces vers, de la nation voisine de l'Ubushuubi :
« …Twacyamur Uburuundi kuu ngoma
« Twacyamur Ubunyabuungo kuu ngoma
« N amahaanga yoose
« Adatuur umwaami w `Irwanda ! (vv 360-363) »
« Puissions-nous amener le Burundi sous le tambour !
« Puissions-nous amener le Bunyabuungo sous le tambour !
« Et tous les pays Qui ne paient pas tribut au roi du Rwaanda ! »
Et rebelotte avec, en place du mot « Twacyamura », « Puissions-nous amener… sous » (vv 360-363, 602-605, 762-765), les expressions « Twadenduura », « Puissions-nous étaler… sur » (vv 367-370, 609-612), « Twubika », « Puissions-nous culbuter… de » (vv 398-401), « Twaribata Uburuundi… Ubunyabuungo… », « Puissions-nous piétiner le Burundi… le Bunyabuungo… » (vv 802-805), et enfin « Waribata Uburuundi… Ubunyabuungo… », « Puisses-tu piétiner le Burundi… le Bunyabuungo… » (vv 973-976). Finalement, l'umwiiru proclame au chef d'Etat intronisé :
« Ub inganj uganze weenyine
« Impera y ibihugu
« N' Ubushuubi n `Uburuundi
« Ubaheere ku gahera k' ibirenge ! (vv 1201-1204) »
« Sois vainqueur ! Règne seul
« Jusqu'à la limite des pays,
« Y compris le Bushuubi et le Burundi !
« Vaincs-les de fond en comble ! »
Bien évidemment, tous ces rites de la nuit des temps ont été abolis par le Mwaami Charles Rudahigwa Mutara III lors de son accession sur le trône de Gihaanga et surtout suite à sa consécration de son royaume au Christ-Roi, Jésus le Roi d'En-Haut des rois d'ici-bas.
Toujours est-il, que, dans le contexte de cette idée obsédante des dirigeants mercenaires rwandais actuels, ces divers passages historiques démontrent sans discussion aucune que le Bushi, alias le Bunyabuungo, aka la riche province du Sud-Kivu, ne payait pas le tribut à la Couronne rwandaise, et que la maison royale du Bushi, descendante de Kanyabungo, fils de Gihaanga, continuait à régner sur son pays avec le tambour dynastique « Kalyaamahugu », « L'Engloutisseur- des-pays ». Le dernier Mwaami d'envergure connu au Bunyabuungo fut Rutagaanda, fils de Byaateerana, fils de Makoombe, fils de Mweeru, lequel était surnommé Birheejira par les Rwandais. Dès lors, cette principauté du Bushi ou du Bunyabuungo n'était pas soumise à l'autorité du Mwaami du Rwaanda, et que donc elle était bel et bien distincte et indépendante vis-à-vis du Rwaanda, ce qui clôt historiquement le goulu bec des impérialistes mercenaires de la clique de Paul Kagame. Nous verrons à présent plus en détail les soubresauts historiques qui secoueront chacune des régions ou principautés indépendantes voisines du Rwaanda. (A suivre).
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Agaculama mu ikibunda
A.M.I. des Abanyarwaanda
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›õš17 avril 2008
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