mardi 21 avril 2009

Dépouilles de couilles de Hutu sur les tambours : carabistouilles !

Mon cher Théophile,
1: Merci de m'avoir écrit ce commentaire. Vous excuserez à un Mugaanga respectueux des imboro d'autrui d'avoir ratatiné à coups de "couilles" le bulbe cérébral de certains Netters un peu trop à l'étroit du carcan de la pensée unique dont ils sont aussi consciemment ou inconsciemment les victimes. Le mot "couille" est fort, j'en conviens, mais, d'une part, il rimait avec dépouilles et carabistouilles, et d'autre part, j'ai cru nécessaire de prendre le taureau (qui n'en a plus) par les cornes, au risque de choquer certains Netters, dont notre ami Shema.
2: Je résume ma démarche sur ce sujet comme sur tant d'autres. N'acceptons pas comme pain béni ces slogans usagés qui comme agafuni des Inkotanyi nous casse le crâne depuis qqs générations. Ayons une démarche scientifique et retournons aux sources, sans disséquer les fatwa de fatwa de bla-blas.
3: Je vous promet de ne pas utiliser mon "humour habituel": c'est un défaut des Abagaanga d'avoir toujours le sourire carabin aux lèvres. Ca vaut mieux pour l'humanité que le sourire carabine de la bobine d'un inkokotanyi!
4: Le texte que vous proposez à la réflexion est un "classique" de la litérature "proto-républicaine" rwandaise et qui a été publié en 1961 dans le livre "Rwanda politique: 1958-1960".
4-a) Personnellement, je doute de la véracité historique de ce texte que l'on sort comme un épouvantail quand le spectre des testicules des Bahiinza des Bahiinzi n'ont pas suffisamment effrayé la bonne conscience de l'observateur étranger.
4-b) Dans la tradition monarchique rwandaise, il est totalement inconcevable que des grands chefs, eux-mêmes Abagaragu du Mwaami comme il est écrit dans cette lettre, et donc obligatoirement respectueux tant du Code des institutions politiques de l'Etat-nation rwandais que des us et coutumes ou de l'Ubwiru, proclament être Tutsi et donc ne pas être frères des Hutu.
4-c) Je vous rappelle que Mgr Alexis Kagame a transcris sur le papier ce "Code administratif" traditionnel. Je me suis déjà penché sur certains articles de ce Code mais je vais les rappeler de manière courte.
4-d) Ce qui détermine le choix d'un haut fonctionnaire par le Mwaami n 'est pas son Ubooko Hutu, Tutsi ou Twa en tant que tel, mais la spécialisation (diplôme avant la lettre) du candidat: on ne confie pas une culture de bananiers à un trayeur de vache, de même qu'on ne confie un troupeau de Nyambo à des Twa récolteurs de miel ou fabriquants de tuiles. C'est une question de bon sens.
4-e) Voici donc qqs articles de ce Code: "Dans le commandement civil, les Bahutu et les Batutsi sont sur le même pied en tout" (Art. 334-a); le préfet du sol (Umunyabutaka) sera en général un Muhutu et le préfet des pâturages (Umunyamukenke) un Mututsi" (Art. 334-b); le Roi (Mwaami) peut réunir les deux fonctions sur un même dignitaire, sans distinction de race (Ubwooko)" (Art. 334-c); un Mutwa peut être sous-chef de localité, mais la dignité de préfet soit du sol, soit des pâturages, lui est inaccessible, à moins que sa famille n'ait été anoblie depuis quelques générations" (Art. 335-a) |p.e.: le Twa Basyete|.
4-f) Autre bouteille à encre classique, est cette référence au Buhake et à une prétendue "féodalité" précoloniale. Le Buhake a été traduit par "contrat de servage pastoral". Il ne s'agit pas d'esclavage, mais d'un véritable contrat entre deux partenaires dont, il est vrai, le but princeps est de renforcer la puissance de l' "Umuryaango" du maître du contrat.
4-g) La structure organisationnelle du Rwanda monarchique n'a stricto senso rien à voir avec la féodalité au sens médiéval européen du terme. A l'arrivée des Basungu, le Rwaanda avait déjà atteint un niveau extrêmement complexe de monarchie absolue, avec un code et un protocole exceptionnellement sophistiqués par rapport aux voisins Bantu. Il ne faut pas confondre féodalité (seigneurs moyen-âgeux indépendants de toute autorité supérieure) et hiérarchie du pouvoir comme dans le Rwanda ancien.
4-h) Dans l'esprit philosophique traditionnel bantu-rwandais aussi, il n'y a pas de place pour une hiérarchie humaine avec des êtres supérieurs qui seraient Tutsi et des êtres inférieurs qui seraient Twa et des êtres intermédiaires qui seraient Hutu. Hutu, Tutsi et Twa ont tous trois le principe de vie "ubuzima" qui est aussi le principe de non mort "ubugingo", les différenciant des animaux seuls porteur d'ubuzima, des végétaux dont le principe de vie est la viridité ou "ububisi" et des choses inanimées, les ikiintu sans vie.
4-i) C'est pour toutes ces raisons et d'autres que je n'ai pas le temps d'exposer, que je considère la fameuse lettre des «12 Agaragu b’Ibwami bakuru» comme un faux, car sonnant faux.
Ceci n'était qu'une réponse courtoise, mon cher Théophile ami de Dieu, et aussi un point de départ pour d'autres discussions. On pourrait s'étendre davantage mais je préfère derechef m'étendre pour dormir.
Cordialement. Agaculama.

From:
Add sender to Contacts
To:
Democracy_Human_Rights@yahoogroupes.fr


20 février 2008

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire